Flashback









  

:: Jerry Seinfeld ::
:: Bee Movie ::

"J’ai appris en côtoyant mes enfants qu’il y a des abeilles dans chacune de leurs histoires."

Propos recueillis par Laurent De Groof © à Bruxelles (novembre 2007).


Cine-Files : Pour votre premier long-métrage d’animation, vous avez assuré l’écriture, la production et le rôle principal...

Jerry Seinfeld : C’était un peu fou, en effet! J’ai dû apprendre les ficelles de l’animation tout en faisant le film. Tout m’est apparu nouveau et difficile. J’ai vraiment été dépassé. Mais ce n’est pas grave. Ce n’est pas la première fois que je me lance dans l’inconnu. Avant la série Seinfeld, je n’avais jamais joué, écrit de dialogues ou adapté une série. J’ai eu évidemment beaucoup moins de temps de préparation sur Bee Movie que sur Seinfeld qui a duré neuf années.

Cine-Files : Cela fait déjà quatre ans que vous travaillez sur ce projet...

J. Seinfeld : Oui, tout à fait. Nous avons commencé l’animation proprement dite il y a deux ans. Sur un projet tel que celui-ci, nous sommes constamment en train de réécrire et de filmer de nouvelles scènes. Dès qu’on finit une séquence, on la passe aux animateurs qui vont la mettre en image, etc. Chaque petit morceau de film est à une étape différente de développement.

Cine-Files : Qu’elle fut votre implication en qualité de producteur?

J. Seinfeld : Je n’ai pris aucune décision financière. C’était le rôle de Christina Steinberg. Je me suis plus investi dans le choix des comédiens. J’avais mon mot à dire au niveau de l’équipe si je n’étais pas d’accord sur leur travail. Ce genre de choses... Je me suis occupé des grandes décisions artistiques, de la trame de l’histoire, des personnages qui agissaient dans une scène, de l’approbation des dialogues.

Cine-Files : Comment êtes-vous arrivé à rassembler un tel casting?

J. Seinfeld : C’est en réalité très facile pour ce genre de films car les comédiens n’ont pas à être présents en même temps. Il suffit de s’adresser aux comédiens et s’ils sont intéressés de jouer dans le film, ils nous proposent une date de tournage. On s’arrange en fonction de leur planning. On se déplace même jusque chez eux. (rires)

Cine-Files : Vous avez réuni de grands noms comme Renée Zellweger, Matthew Broderick, John Goodman, Chris Rock,...

J. Seinfeld : Tout à fait. Ils aiment jouer dans ce type de films. Aussi étrange que cela puisse paraître, on ne propose jamais à des acteurs comme Ray Liotta ou Oprah Winfrey de jouer dans des comédies. Pourtant, tout le monde veut faire de la comédie.

Cine-Files : Les apparitions de stars jouent un grand rôle dans la trame de l’histoire. Pouvez-vous nous en parler davantage?

J. Seinfeld : Oui, elles donnent au film un aspect de surprise comique. On ne s’attend pas à les voir « en personne » dans le film. J’ai choisi Ray Liotta parce qu’il était parfait pour le rôle. C’est la dernière personne que l’on s’attend à voir dans cette situation. J’espérais lors de notre rencontre qu’il avait suffisamment d’humour pour rire de lui-même. Mais il est très drôle. Il a tout enregistré en une seule prise. Il était fantastique. Il s’est beaucoup amusé et je suis très heureux qu’il ait apprécié mon idée.

Cine-Files : N’avez-vous jamais envisagé d’apparaître dans le film en tant que Jerry Seinfeld?

J. Seinfeld : Je pense que cela aurait été étrange parce que la voix aurait été la même que le personnage principal.

Cine-Files : Qu’en est-il de Winnie l’Ourson?

J. Seinfeld : Ce n’est pas Winnie. Je tiens à m’en défendre. C’est un ours comme les autres qui porte une veste. (rires) Je ne peux par dire de quel ours il s’agit.

Cine-Files : L’animation ne connaît pas de limite. Etait-ce une libération pour votre imagination?

J. Seinfeld : Oui, au début. C’est comme se rendre au restaurant, recevoir le menu et s’entendre dire qu’on peut commander tout ce qu’on désire. Il suffit de choisir sur la carte, tout est disponible. Mais après avoir commandé et que la cuisson a commencé, changer encore de plat devient un vrai problème. C’est ainsi que fonctionne l’animation. Tout va bien jusqu’à ce que vous l’ayez décidé. C’est un média qui prend beaucoup de temps et dont chaque scène coûte cher à réaliser.

Cine-Files : Est-il difficile de penser à la façon « Dreamworks » ?

J. Seinfeld : Je n’ai dû me soumettre à aucune exigence. Dreamwoks voulait que je fasse mon propre film en utilisant leurs studios. Ils désiraient une nouvelle approche à l’animation. Ils ne voulaient pas qu’on reconnaisse quel studio en était responsable. Ils voulaient que j’apporte quelque chose de nouveau.

Cine-Files : Est-il vrai que vous ayez tout d’abord pensé en faire un film avec des acteurs réels?

J. Seinfeld : Non, c’était une blague. L’idée était de montrer que nous avons été forcés de faire un dessin animé parce que c’était un désastre total que de le faire avec de vrais acteurs. C’était la base des bandes d’annonces. C’était juste pour rire.

Cine-Files : La plupart des gens n’aiment pas les abeilles. Pensez-vous que ce film changera les mentalités?

J. Seinfeld : Je suis persuadé que les gens aiment les abeilles. Ils ont peur d’être piqués mais je crois qu’ils sont intrigués par leur façon de faire le miel, d’extraire le pollen de fleurs en fleurs, etc. J’ai appris en côtoyant mes enfants qu’il y a des abeilles dans chacune de leurs histoires. Ils ont des jouets en forme d’abeille, des autocollants. C’est un objet de fascination. En Russie, où je suis passé la semaine dernière pour la promo du film, ils ont une compagnie téléphonique qui s’appelle Bee Line. Partout dans la ville, on peut voir leur logo avec les lignes noires et rouges. Un médicament pour le rhume aux Etats-Unis a une abeille comme mascotte. L’abeille est assez différente des autres insectes. Elle a quelque chose de plus sophistiqué et intéressant.

Cine-files : Qu’avez-vous préféré entreprendre: les shows, les séries ou le cinéma?

J. Seinfeld : Je ne me soucie que d’une chose : le rire du public. J’ai vraiment été attiré par ce film parce que j’ai pu m’apercevoir que des personnes de tout âge on put aller le voir. Ma mère, qui a nonante ans, a été voir le film avec toutes ses amies de sa résidence. Elles ont toutes ri. Ma fille de sept ans a été le voir avec ses amies et elles se sont aussi amusées. J’étais heureux de pouvoir toucher un public aussi large. Le film a également traversé les frontières et les cultures. Bee Movie est numéro 1 en Russie, en Pologne, etc. Je suis très excité.

Cine-Files : Votre fille est-elle aussi drôle que son père et son grand-père?

J. Seinfeld : Elle est très drôle. Mon père était un grand comique.

Cine-Files : Etes-vous aussi rebelle que Barry, votre personnage dans le film?

J. Seinfeld : Je ne crois pas, non. Même si le choix de ce film était certainement un risque après la série TV. J’avais acquit une certaine réputation et j’aurais très bien pu me planter. (rires) Heureusement, tout s’est bien passé.

Cine-Files : Vous avez passé tant d’années à nous faire rire, qu’est-ce qui vous fait encore rire aujourd’hui?

J. Seinfeld : Hum... J’aime discuter avec mes amis comiques. Nous sommes tous un peu stupides. Nous aimons nous chamailler sans jamais nous blesser. La plupart des gens pourraient être offusqués par notre humour mais pas nous. Le but est toujours de réussir sa blague, peu importe le sujet. Cela n’a pas d’importance si c’est méchant.

Cine-Files : Seriez-vous intéressé de faire un film sur votre passion pour les Porsches?

J. Seinfeld : Non, c’est mon seul sujet sérieux. (rires) Je collectionne tout ce qui porte le nom Porsche.

Cine-Files : Il paraît que vous possédez la première 911 construite...

J. Seinfeld : Oui, tout à fait. Je l’ai trouvée dans le Michigan en ’95. Elle était rouillée et dans un piteux état. Le moteur n’avait certainement plus tourné depuis près de vingt ans. Je l’ai envoyée en réparation dans l’usine allemande et elle est aujourd’hui flambant neuve. C’est une nouvelle voiture. Je la conduis tout le temps. Elle est gris sombre métallisé.

Cine-Files : Pourquoi cette marque ?

J. Seinfeld : Les Porsches sont des jouets à mes yeux car elles sont très petites. Elles ont une mécanique particulière. J’ai commencé à les aimer dès le premier coup d’oeil. Je devais avoir huit ou neuf ans. Une bonne Porsche est comme une bonne blague. Elle doit n’avoir que l’essentiel. J’aime le minimalisme.

Cine-Files : Pensez-vous réaliser un long-métrage de la série Seinfeld?

J. Seinfeld : Non, parce que plus long n’est pas meilleur. (rires)

  
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